Elle était longtemps considérée comme une science occulte, et ceux qui la pratiquaient étaient taxés de manipulateurs et de charlatans. L’hypnose est désormais une discipline médicale à part. Au-delà de ses applications en psychothérapie, elle est de plus en plus utilisée en milieu hospitalier. En effet, pour certaines opérations chirurgicales, de nombreux spécialistes privilégient l’hypnose à l’anesthésie générale. Les suites de l’anesthésie générale peuvent être lourdes à supporter, notamment chez les patients plus âgés. Elle leur fait encourir des risques supplémentaires (phlébite, faiblesse musculaire, problèmes cognitifs, coma…). Avec l’accord du patient, l’hypnose peut être indiquée pour les chirurgies de surface comme les opérations mammaires (mastectomie totale ou partielle, lifting des seins, pose d’implants…). Ainsi, il n’est pas rare de voir une clinique de chirurgie esthétique proposer des interventions sous hypnose. En revanche, l’hypnose est généralement contre-indiquée lorsqu’il s’agit d’opérer les organes profonds (colon, foie…). La motivation du patient est également déterminante pour la réussite de l’hypnosédation, et c’est de lui que doit émaner la demande de l’hypnose.
L’hypnose est toujours accompagnée d’une anesthésie locale, voire d’une sédation intraveineuse. Pendant la durée de l’intervention, le patient ne dort pas, mais reste dans un état de conscience modifiée. Le principe est simple : détourner la conscience du patient vers autre chose que l’opération chirurgicale. Celui-ci se focalise par exemple sur un souvenir heureux, une sensation agréable ou un lieu précis. Le médecin anesthésiste veille à préserver une relation de confiance et de collaboration avec son patient. Il ne le manipule pas et n’agit jamais contre sa volonté. Le bon déroulement de l’opération implique une parfaite collaboration entre le patient, le chirurgien et le praticien chargé de l’hypnose.
Lorsque le patient est dans un état hypnotique, sa perception de la douleur est modifiée. De plus, la sécrétion d’endorphines atteint des seuils élevés. Ces neurotransmetteurs ont un effet anti-douleur naturel, ce qui permet de limiter les doses d’analgésiques et autres médicaments associés à l’intervention. Ainsi, grâce à l’hypnose, la quantité de calmants administrés peut être divisée par cinq. De même, le patient n’est plus un simple objet, puisqu’il participe à l’intervention et influe sur son déroulement. Ceci a un effet bénéfique sur la psychologie du sujet opéré.
Lorsqu’elle remplace l’anesthésie générale, cette technique permet de diminuer les prises de médicaments. De plus, la récupération post-opératoire sera moins longue et plus confortable (peu de nausées et de vomissements). Certains patients peuvent être allergiques aux substances anesthésiantes et sont donc inéligibles à l’anesthésie générale. De même, les sujets âgés, affaiblis ou fragiles sont d’excellents candidats à l’hypnosédation. Cependant, l’hypnose sera difficile à mettre en place si le patient est paranoïaque ou s’il souffre de troubles psychotiques majeurs.
L’hypnose s’apparente à une véritable thérapie. En dehors du bloc opératoire, elle peut être utilisée dans le cadre du traitement de certaines addictions (tabac, alcoolisme, toxicomanie, grignotage excessif…). De même, elle permet de lutter contre l’anxiété, le stress chronique et les phobies. La liste des désordres que l’hypnose peut résoudre inclut :
Si les opérations chirurgicales sous hypnose se multiplient en Europe, les autres pays tardent à suivre le pas. Souffrant d’un certain manque de considération et d’un mauvais encadrement légal, cette pratique médicale réussit tout de même à progresser. De là à détrôner l’anesthésie générale ? seul l’avenir nous le dira.